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DECONFINEMENT : IL EST PEUT-ETRE TEMPS DE REPENSER NOTRE MODE DE VIE

  • Photo du rédacteur: Jacques-Brice MOMNOUGUI
    Jacques-Brice MOMNOUGUI
  • 25 mai 2020
  • 6 min de lecture

Par Sandrine B. DACGA DJATCHE

Avocat au Barreau du Cameroun


11 mai 2020. Belle date ! Mémorable, inoubliable pour les français !

Enfin la liberté !!!

Cette date qui restera sans doute dans l’histoire de la France, marque la fin du confinement qui a duré 55 jours.

Le 15 mars 2020, le Président Emmanuel MACRON annonçait dans son discours à la nation, le début du confinement, et donc de la restriction des libertés.

Libertés si chères à tous, car sans elles on se croirait réduit à une simple expression, voire à une chosification de la personne.

Il ya certes eu des atteintes aux droits et libertés des uns et des autres (n’étions-nous pas en plein état d’urgence ?), mais il y a également eu, et il faut le reconnaître, des actes et gestes qui ont témoigné de l’amour, de l’empathie et de la solidarité.

Cette belle solidarité française, qui nous rappelle fort bien la révolution de 1789 par laquelle le peuple français bien qu’affaibli a pu résister aux assauts de l’ennemi et libérer la France[1].

Quelle appréciation peut-on faire de ces mois de confinement ? Qu’est-ce qui a changé dans nos habitudes ? Comment vivre cet après-confinement ? La crise sanitaire est-elle derrière nous à présent ?

Voilà quelques questions qui nous taraudent sûrement l’esprit aux lendemains du déconfinement survenu le 11 mai 2020.

Quoi de plus normal que de chercher à comprendre ? Un bilan s’impose. Certainement, nous ne pouvons appréhender le futur sans au préalable faire la part des choses de ce que nous avons vécu.

Le 17 mars 2020, nous perdions brutalement nos libertés les plus élémentaires et nos droits les plus fondamentaux : obligation de rester confiné chez soi, interdiction de sortir sans une attestation dûment remplie et signée pour des besoins restrictifs et des lieux limités, obligation pour certains malades en phase de rééducation de quitter les centres de santé pour laisser la place aux cas de la COVID-19 en détresse respiratoire, impossibilité de rendre visite à son malade contaminé et d’offrir des funérailles dignes aux défunts de la COVID-19, suspension de toutes les activités académiques, religieuses, sociales et politiques, prolongation des délais de détention, etc.

Cinq lois, 54 décrets dont 48 jusqu’au 11 mai 2020, 45 ordonnances dont 41 au 11 mai 2020 et une kyrielle d’arrêtés ont été pris pour faire face aux conséquences directes et indirectes de la crise sanitaire COVID-19 sur la France et les français, et ce dans tous les domaines allant de la santé au transport en passant par l’éducation.

Si certains textes ont connu de vives critiques de la société, l’ensemble de ceux-ci a été validé et accueilli favorablement tant par le Parlement, le Conseil d’Etat, le Conseil Constitutionnel que par la CNIL entre autres.

Tout ou presque a changé :

- L’administration de la justice a changé de figure avec l’adoption de nouvelles formules d’audiences, le rallongement des délais de procédure, la limitation des droits de la défense, la prolongation automatique et sans débats contradictoires des détentions provisoires, la fermeture temporaire de certaines juridictions[2];

- L’administration de l’enseignement a également fait peau neuve, tout est passé au numérique dont au digital avec à la clé la fermeture des établissements scolaires.

- Les relations contractuelles ont pris un sacré coup faisant naitre des réflexions sur les moyens de règlement des conflits post-COVID-19, la mise en chômage partiel, l’usage préférentiel et recommandé du télétravail pour les activités ne nécessitant pas une présence physique obligatoire, etc.

Oui, tout a changé ! La vie s’est en quelque sorte digitalisée telle un scénario de film du futur. Et surtout, la pandémie n’est pas passée. Elle est là, toujours présente parmi nous. Nous devons nous résoudre à vivre avec elle.

Bien que n’étant pas une fatalité, la pandémie COVID-19 est tout de même une perpétuelle menace face à laquelle il ne faut pas baisser la garde.

Nous l’avons d’ailleurs vu dans les pays tels que la Chine, le Japon et l’Allemagne où les populations enfin libres d’aller et venir après des mois de confinement ont été à nouveau la cible de ce virus. Le verdict a été sans appel : ré-confinement suite à une nouvelle croissance du nombre de personnes contaminées.

En l’espace de trois mois, la France a enregistré environ 29 000 décès et un important nombre de malades. Aucun effort n’a été ménagé pour éradiquer ce mal. Malheureusement, aucune oeuvre humaine n’étant parfaite, de nombreux manquements, erreurs et lacunes ont été observés dans la gestion de cette crise.

Insuffisance du matériel médical avec pour lourde conséquence la contamination et le décès des membres du personnel soignant, décisions contradictoires du gouvernement (port non obligatoire du masque au départ puis port obligatoire du masque), constitution d’un nouveau fichier de suivi des malades et possibilité de traçage numérique des malades de la COVID-19, extension des personnes habilitées à constater les infractions, dérive lors des interpellations et/ou contrôles par les forces de maintien de l’ordre et assimilés, organisation des examens scolaires en ligne, etc.

Face à ces insuffisances et au regard de l’évolution de la pandémie, n’est-il pas temps de repenser notre mode de vie ? Ne devons-nous pas nous résoudre à l’adapter aux nouvelles conditions qui s’imposent à nous du fait de cette crise sanitaire ? Que doit-on dorénavant mettre dans l’assiette des libertés publiques ?

Nous sommes très certainement à l’ère du numérique, et comme tel, nous devons penser numérique, réfléchir numérique, vivre numérique. Mais est-ce possible ?


Nous ne sommes manifestement pas dans une fiction digne des films d’Hollywood où les choses sont assez évidentes et facilement réalisables. Nous sommes dans la vraie vie, et comme telle, libertés individuelles et intérêt public doivent faire chemin ensemble même s’ils semblent difficiles à concilier.

Nous devons à présent renforcer nos capacités à l’outil numérique et à la digitalisation de nos transactions, sans toutefois nous en abrutir car nous vivons de la technologie et non pour la technologie.

Si nous avons le droit d’exercer nos libertés et droits fondamentaux dans la société au sein de laquelle nous vivons, nous avons aussi et dorénavant le devoir de protéger les autres en ménageant l’expression de nos droits et libertés, car « la seule vraie menace sur la liberté est l'abus de cette liberté[3] ».

Ainsi, nous ne devons plus simplement nous rendre dans les lieux publics et faire ce que nous désirons et qui n’est pas interdit par la loi. Nous devons dorénavant nous y rendre en respectant les règles prescrites par le gouvernement pour nous protéger et protéger les autres d’une éventuelle contamination.

La peur qui a fait surgir notre esprit bestial (au début de la crise la psychose de la pandémie avait poussé les populations à se ruer vers les denrées non périssables pour en faire des stocks de fou au point d’en priver les autres du minimum vital) est certainement moins offensive à présent même si elle perdure toujours.

Comme l’a dit Martin Luther King, « nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons tous mourir ensemble comme des idiots ».

Pour ne pas tous mourir comme des idiots, nous devons accepter les malades de la COVID-19 et non les stigmatiser, nous devons encourager le personnel soignant et non les repousser comme des paria, nous devons davantage être responsables dans chaque acte que nous posons pour le grand bien de tous.

Mais, nous ne devons en aucun cas accepter l’annihilation de nos droits et libertés au nom de quelque sacrifice que ce soit.

Ne l’oublions pas : « Où l’Etat commence s’arrête la liberté individuelle, et vice versa[4] ».

En espérant que l’humanité continue d’imposer la primauté de la liberté individuelle sur tout autre valeur[5],

Déconfinement vôtre.

[1] La prise de la Bastille le 14 juillet 1789 qui a marqué l’histoire de la France est l’un des événements inauguraux et emblématiques de la révolution française. [2] Ces mesures dérogatoires et attentatoire aux principes fondamentaux des droits de l’homme et de l’Etat de droit sont pour la plus part contenues dans les ordonnances N° 2020-303, N°2020-304, N°2020-305 et N°2020-306 du 25 mars 2020 adaptant les règles applicables devant les juridictions pénales, aux autres juridictions de l’ordre judiciaire, aux juridictions de l’ordre administratif et prorogeant des délais échus pendant la période d’urgence sanitaire. [3]Maureen Louis [4] Mikhaïl Aleksandrovitch Bakounine, « Fédéralisme, socialisme et entithéologisme », 1867 [5] Jacques ATTALI, « Une brève histoire de l’avenir », Edition Fayard, 2006.

 
 
 

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