LETTRE OUVERTE A L’UNION AFRICAINE
- Jacques-Brice MOMNOUGUI
- 10 avr. 2020
- 15 min de lecture
Monsieur le Président de la Commission, S.E.M. Moussa Faki MAHAMAT,
L’Afrique, ses enfants et sa diaspora se sont unanimement levés contre les propos tenus le 1er avril 2020 par M. Jean-Paul MIRA, chef de service de médecine intensive et réanimation à l'hôpital Cochin, interrogeant Camille LOCHT, directeur de recherche à l'Inserm à Lille, sur l'opportunité de tester un vaccin contre le Covid-19 en Afrique en ses termes[1] : « Si je peux être provocateur, est-ce qu'on ne devrait pas faire cette étude en Afrique, où il n'y a pas de masques, pas de traitement, pas de réanimation, un peu comme c'est fait d'ailleurs sur certaines études avec le sida, ou chez les prostituées : on essaie des choses parce qu'on sait qu'elles sont hautement exposées. Qu'est-ce que vous en pensez ? »
Le directeur de l'Organisation Mondiale de la Santé, M. Tedros Adhanom Ghebreyesus, a vertement condamné ces propos en ces termes : « Ce genre de propos racistes ne font rien avancer. Ils vont contre l'esprit de solidarité. L'Afrique ne peut pas et ne sera un terrain d'essai pour aucun vaccin (…) L'héritage de la mentalité coloniale doit prendre fin[2] ».
Par suite, face au tollé des réactions et parce que la mémoire collective des Africains et de tous les humanistes a été heurtée, lesdits médecins se sont excusés[3] : Nous en prenons acte !
Mais la réaction de l’Union africaine est attendue et se fait attendre.
Si la sagesse africaine nous apprend que : « si tu te baignes dans la rivière et qu’un fou vient et vole tes vêtements, tu ne vas pas sortir nu pour le poursuivre. Si tu le fais tout le village dira, voici deux fous qui courent » ; une autre sagesse nous apprend aussi que : « lorsque les éléphants se battent se sont les herbes qui en souffrent ».
Dans cette « guerre » contre le Covid-19, tous les grands laboratoires du monde sont à la recherche d’une solution, d’un traitement ou d’un vaccin. Cela est encourageant. Au demeurant, parce que la crainte suscitée par les propos des Docteurs précités est légitime, il ne faudrait pas que l’Afrique devienne ou redevienne, le terrain d’expérimentation de solutions non abouties au nom de la science !
A cela nous disons NON car « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».
Monsieur le Président de la Commission,
L’article 3 de l’Acte constitutif de l’Union africaine du 11 Juillet 2000 à Lomé, a fixé à l’Union les objectifs suivants :
«
(a) réaliser une plus grande unité et solidarité entre les pays africains et entre les peuples d’Afrique ;
(b) défendre la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance de ses Etats membres ;
(c) accélérer l’intégration politique et socio-économique du continent ;
(d) promouvoir et défendre les positions africaines communes sur les questions d’intérêt pour le continent et ses peuples ;
(e) favoriser la coopération internationale, en tenant dûment compte de la Charte des Nations Unies et de la Déclaration universelle des droits de l’homme ;
(f) promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité sur le continent ;
(g) promouvoir les principes et les institutions démocratiques, la participation populaire et la bonne gouvernance ;
(h) promouvoir et protéger les droits de l’homme et des peuples conformément à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et aux autres instruments pertinents relatifs aux droits de l’homme ;
(i) créer les conditions appropriées permettant au continent de jouer le rôle qui est le sien dans l’économie mondiale et dans les négociations internationales ;
(j) promouvoir le développement durable aux plans économique, social et culturel, ainsi que l’intégration des économies africaines ;
(k) promouvoir la coopération et le développement dans tous les domaines de l’activité humaine en vue de relever le niveau de vie des peuples africains ;
(l) coordonner et harmoniser les politiques entre les Communautés économiques régionales existantes et futures en vue de la réalisation graduelle des objectifs de l’Union ;
(m) accélérer le développement du continent par la promotion de la recherche dans tous les domaines, en particulier en science et en technologie ;
(n) œuvrer de concert avec les partenaires internationaux pertinents en vue de l’éradication des maladies évitables et de la promotion de la santé sur le continent. »
Dans cette perspective, l’Union africaine a édicté un agenda 2063 pour l’émergence et l’unification du Continent. En cela, la mise en place progressive de la Zone de Libre-échange continentale africaine (ZLECAf) a été unanimement saluée.
Suivant des projections, l’Afrique qui compte aujourd’hui 1,2 milliard d’habitants en 2017, pourrait avoisiner les 2,5 milliards en 2050 et sa population pourrait quadrupler pour atteindre 4,4 milliards en 2100, soit plus d’une personne sur trois habitant sur le globe[4].
Ce défi interpelle l’Afrique, qui doit trouver dans son propre génie les moyens d’entretenir cette « richesse » que constitue cette population sachant que le continent noir été vidé de millions de ses enfants au cours des siècles derniers.
Mais ce défi interpelle aussi le monde, et certains hommes politiques de renom vont jusqu’à qualifier cette démographie de « dégradation environnementale », parlant même de « choc démographique ».
L’un des défenseurs de cette thèse est l’ancien Président français Nicolas SARKOZY, qui affirmait le 27 octobre 2016[5] sur les antennes radio de RMC et BFMTV que : « je considère que le plus grave défi de l'humanité (...), c'est l'explosion démographique sans précédent (…) La première cause de pollution, la première cause de dérèglement, c'est l'explosion de la population qui vit sur la planète. (…) Quand vous pensez que Lagos (capitale économique du pays, ndlr) a 22 millions d'habitants, quand vous pensez que l'Afrique va passer de 1 million (sic, c'est 1 milliard) à 2 milliards 300 millions, quand vous pensez que le troisième pays le plus peuplé du monde dans 30 ans sera le Nigeria (…), le seul Nigeria aura plus d'habitants que les Etats-Unis d'Amérique dans 30 ans ! Vous voyez bien que la première cause de la dégradation de notre environnement, c'est l'explosion de la population.[6] »
Il va réitérer ses propos lors de l’Université du MEDEF le 29 Août 2019, en affirmant ce qui suit : « Dans 30 ans le Nigéria aura plus d’habitants que les Etats-Unis d’Amérique. Au plus court, la méditerranée c’est 750 kms au moins large. On va passer de 1,200 millions d’africains à 2,5 milliards et demi. Donc, je le dis, la crise migratoire n’a pas encore commencé. Elle n’a pas commencé. Elle est à venir. C’est d’ailleurs la première source de pollution entre parenthèses (…) ».
Ces affirmations contrastent avec le fait que les populations noires, notamment d’origine africaine, représentent seulement 7% de la population mondiale.
L’Africain lambda a sitôt fait d’établir une relation entre la crainte que suscite sa démographie en Europe et les campagnes de vaccination qu’on lui promet contre le Covid-19, alors que ce dernier fait beaucoup plus de victimes en dehors de l’Afrique.
C’est cela qui explique profondément le tollé général : la crainte d’être exterminés par une soudaine vaccination contre le Covid-19 pour laquelle les Africains serviraient de cobayes.
Cette peur est-elle justifiée ?
En réalité, les Africains ont des raisons de douter des campagnes de vaccination même lorsqu’elles poursuivent des nobles objectifs.
L’hypothèse d’une vaccination des peuples noirs à des fins de réduction de la natalité est loin d’être farfelue.
Revenons à notre histoire.
A-t-on seulement oublié que de 1981 à 1993, le régime raciste de l’apartheid sous la houlette du Dr Wouter Basson dirigea un projet biologique et chimique top-secret du nom de code : « Project Coast[7] » dont le but ultime, était de « Tuer les ennemis (noirs) de manière à ce que leur mort passe pour naturelle. »
Il a été révélé que « Deux cents chercheurs et biologistes ont travaillé pour Project Coast. Beaucoup d’entre eux ignoraient - ou préféraient ignorer - qu’ils étaient les petites mains d’un programme effroyable. Des médecins ont aussi avoué avoir participé à l’élaboration d’un vaccin destiné à stériliser les femmes à leur insu. Vingt-quatre sortes de poisons ont été testées et développées durant ces années-là : des cigarettes bourrées d’anthrax, des venins recueillis sur des serpents, des bactéries de salmonelle saupoudrées dans des sucrières. Des tournevis, des parapluies, des sous-vêtements ont également été contaminés avec des substances asphyxiantes. Durant ces auditions, certains témoins ont révélé que des recherches avaient été menées dans le cadre du programme pour développer la bactérie du choléra ou le virus du sida. Danie Odendaal, directeur de l’un des laboratoires pharmaceutiques de Project Coast, a reçu une pochette de sang contaminé pour, selon ses propres termes, l’utiliser “contre des cibles ennemies potentielles” »
En outre, l’ouvrage du Dr Harriet Washington, chercheuse en science médicale intitulé « Apartheid Médical : l'Histoire Sombre de l'expérimentation Médicale sur les Américains Noirs de l'Epoque Coloniale à Aujourd'hui[8] », décrit des expérimentations médicales qui ont été réalisés sur les africains-américains, pris comme des cobayes aux Etats-Unis.
Interviewée le 19 janvier 2007 sur son ouvrage par Mme Amy Goodman, pour le compte de Democracy now[9], le Dr Washington nous révèle les faits suivants :
►Sur les expérimentations sur les esclaves
Selon le Dr. Harriett Washington : « James Marion Sims était un chirurgien très important d'Alabama, et toutes ses expérimentations médicales ont été faites sur des esclaves. Il a pris les crânes de jeunes enfants, de jeunes enfants noirs – seulement d'enfants noirs – et il a ouvert les têtes et tourner les os du crâne pour voir ce qui se passerait, soi-disant pour soigner des maladies, mais il n'y avait là rien de rationnel. Il a aussi décidé d'enlever l'os de la mâchoire d'un esclave, mais cet esclave était plutôt réfractaire. Il ne voulait pas être opéré. Il a protesté très fort contre cela. Et en réponse, le docteur Sims l'a fait attacher à une chaise de barbier, et maintenir immobile tandis qu'il opérait sur lui sans anesthésie.
Mais là où il est le plus infâme c'est en ce qui concerne ses expérimentations reproductives sur les femmes noires. Il avait acheté, ou acquis d'une autre façon, un groupe de femmes noires, qu'il hébergeait dans un laboratoire, et pendant 5 ans et approximativement 40 opérations sur les seules esclaves, il a cherché un traitement pour soigner une complication natale appelée « Fistule Vesicovaginale ». Ce traitement impliquait de faire des incisions sur leurs parties génitales, très douloureuses et, vous savez, très difficiles émotionnellement, comme vous pouvez l'imaginer. Et à la fin il a affirmé avoir guéri l'une d'entre elles.
Et après cela, il s'est déplacé dans le nord, où il a fait fortune médicalement. Il est devenu le chouchou du Second Empire à Paris quand il s'y est rendu pour servir de médecin personnel à l'impératrice Eugénie. Et, quand il est revenu à New York, il a été élu président de l'Association Médicale Américaine. »
►L'expérimentation de l’Institut de Tuskegee, dans l’Alabama (1932-1972)
Toujours selon le Dr. Washington :
« Ce qui s'est passé, c'est qu'environ 400 hommes noirs dans le Comté de Macon en Alabama, atteint de syphilis – qui avaient au moins été diagnostiqués comme ayant la syphilis – ont été les sujets d'une étude pendant 40 ans par le Service de Santé Publique des Etats-Unis. Il y avait un groupe de 200 personnes non infectées qui servait de groupe de contrôle, tous des hommes noirs.
Pendant toute cette période de 40 ans on a trompé ces hommes en leur faisant croire qu'ils suivaient un programme de traitement. Mais ce n'était pas le cas. On leur a donné des pilules contre la douleur, qui, comme cela a été révélé, n'était que de l'aspirine. On a fait des ponctions de moelle épinière, qui comme cela a été révélé, n'était ni bon pour leur santé, ni pour surveiller leur état de santé, mais plutôt pour s'assurer un stock de substance pour le développement d'un test sur la syphilis. Ainsi ils ont été utilisés pendant 40 ans, même après l'invention de la pénicilline. Quand la pénicilline a été reconnue comme un remède à la syphilis, ces hommes en ont été privés. (…)
Des centaines de personnes le savaient, parce qu'il y avait des rapports réguliers publiés dans des journaux médicaux, et cela a été en fait présenté lors d'une rencontre de l'Association Médicale Américaine en 1965. Il y a eu aussi de nombreuses rencontres d'agences gouvernementales. (…)
Les hommes non soignés, comme vous pouvez l'imaginez, sont morts pour beaucoup d'entre eux de morts horribles. Vous savez, non seulement ils étaient infectés avec la syphilis, qui n'était pas traitée, mais c'était aussi des hommes très pauvres, des métayers. Leur revenu moyen était d'un dollar par jour. Mais comme métayers, ils voyaient rarement la couleur de cet argent. Et ils sont devenus débiles avant l'âge par la syphilis et un travail pénible. Par conséquent, beaucoup sont morts, vous savez, de morts atroces à cause de la syphilis. Ils ont souffert – la deuxième phase de la syphilis est très douloureuse. On a des plaies suintantes, vous savez, des anomalies cardiaques, et en phase finale la syphilis est dévastatrice, neurologiquement dévastatrice. Tout le monde n'atteint pas la phase terminale, vous savez, heureusement, mais on ne peut prévoir qui ira jusque-là donc tout le monde devrait être traité. »
►Sur la stérilisation des femmes noires
Selon le Dr Harriett Washington : « Les afro américaines couraient plus de risque d'être stérilisées pendant la période de l'eugénisme, mais même plus récemment, les femmes afro américaines constituent 85 % des femmes qu'on force à subir un implant de Norplant[10] à cause d'abus sur leurs enfants. Norplant est un contraceptif, qui n'est plus sur le marché, mais il est implanté dans le bras de la femme, et cela provoque une stérilité pendant 5 ans au moins. Toutes sortes de problèmes médicaux en ont résulté, allant de, vous savez, la dépression à la prise de poids à des problèmes physiques, et finalement il a été retiré du marché. »
A la question de savoir qui a servi pour l'expérimenter, le Dr. Washington répond : « Oh, des femmes noires, des jeunes filles noires dans le système scolaire de Baltimore. Baltimore est à 82 % noir, donc ces filles étaient environ 95 % noires. »
Il résulte de ces faits, que les Africains et plus généralement tous les afro-descendants ont des craintes justifiées contre les expérimentations dont ils pourraient servir de cobayes.
Il s’agit d’un traumatisme résultant de notre histoire contemporaine et factuellement établi.
Dans ce contexte, les propos des Dr. MIRA n’ont fait que raviver ces craintes longtemps enfouies dans l’inconscient du peuple africain et noir en particulier.
Monsieur le Président de la Commission,
On voit déjà les conséquences de la peur générée par la mise en place éventuelle d’un vaccin expérimental contre le Covid-19 en Afrique. De nombreux messages circulent sur les réseaux sociaux appelant à la résistance contre tout programme de vaccin en Afrique quel qu’il soit.
Pour preuves :
- En Côte d’ivoire des jeunes du quartier de Yopougon ont démantelé un centre de prélèvement du Covid-19[11] ;
- Il y a seulement deux jours, alors que le Professeur MUYEMBE de la RDC, virologue et scientifique reconnu, avait annoncé la mise en place d’une campagne de vaccination expérimentale contre le Covid-19, il a dû se rétracter suite à l’émoi que cela a suscité au sein des populations et des diasporas[12].
Il est à craindre que ce genre de contestations voire de soulèvements et/ou débordements se reproduisent un peu partout où un programme médical de lutte contre le Covid-19 serait lancé.
Les inquiétudes sont d’autant plus grandissantes, que les partenaires extérieurs de l’Afrique et les organisations internationales, semblent enclins à lui prédire une véritable catastrophe sanitaire face au Covid-19.
Ainsi, Antonio GUTERRES, Secrétaire général des Nations Unies, dans un entretien télévisé accordé à France 24, le 27 mars 2020[13] a affirmé sans être contredit : « Il faut absolument faire de l’Afrique une priorité de la communauté internationale. Ça veut dire un investissement massif. Tout ça à un niveau gigantesque. Il nous faut une mobilisation gigantesque, une priorité absolue parce qu’il est encore temps à mon avis d’éviter le pire mais sans cette mobilisation gigantesque, je crains qu’on aura en Afrique des millions et des millions de personnes infectées et même si la population est plus jeune que dans le Nord, que dans les pays le plus développés, il y aura nécessairement des millions de morts. ».
En outre, le 27 mars 2020, dans le cadre de l’appui apporté par la France en réponse à la crise du Coronavirus, l’Agence française de développement (AFD) et l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) ont annoncé le lancement du programme Aphro-Cov[14], un dispositif conjoint visant à améliorer la veille sanitaire et la prise en charge des cas suspects de Covid-19 dans 5 pays d’Afrique (Burkina-Faso, Côte d’Ivoire, Gabon, Mali, Sénégal) pour un montant de 1,5 million d’euros. Selon l’AFD et l’Inserm, ce programme va cibler les laboratoires, le dispositif d’alerte précoce, les services cliniques et, via une sensibilisation et une communication renforcée, toute la population.
De plus, dans sa mise au point du 03 avril 2019[15], l’Inserm a révélé l’existence de recherches d’un vaccin (nouveau ?) contre le BCG dont les expérimentations pourraient être étendues à l’Afrique en exposant que : « Des essais cliniques visant à tester l’efficacité du vaccin BCG contre le Covid-19 sont en cours ou sur le point d’être lancés dans les pays européens (Pays-Bas, Allemagne, France, Espagne…) et en Australie. S’il y a bien actuellement une réflexion autour d’un déploiement en Afrique, il se ferait en parallèle de ces derniers. L’Afrique ne doit pas être oubliée ni exclue des recherches car la pandémie est globale. Si les essais internationaux étaient concluants, le vaccin BCG pourrait être une grande aide pour protéger les soignants. »
Les opérations doivent démarrer… demain, le 8 avril 2020.
Partant, face à ces prédictions du pire, l’on s’interroge :
- Sur l’intérêt du monde de faire de l’Afrique une priorité dans la lutte contre le Covid-19, alors qu’il s’agit, jusqu’ici, du continent le moins atteint ;
- Sur le financement d’Aphro-Cov « en temps de guerre » par la France en vue d’améliorer la prise en charge des patients en Afrique, alors que son personnel médical manque de moyens et peine à trouver des masques ;
- De l’opportunité d’étendre la vaccination du BCG en Afrique ou plutôt de la refaire puisque les Africains sont pour la plupart vaccinés à la naissance contre le BCG ;
- De l’aide extérieure qui nous est soudainement apportée, en ces temps de crise…
Oui, les inquiétudes sont grandissantes et seule l’Union africaine, en ce qu’elle représente l’ensemble des Etats africains, se doit aujourd’hui de rassurer d’une part, en faisant taire les rumeurs et d’autre part, en prenant des mesures rassurantes pour les populations.
Monsieur le Président de la Commission,
Il me revient en mémoire, ces propos du Président Mobutu Sese Seko lors de son discours historique aux Nations-Unies en 1973[16] :
« L’Afrique est un continent qui a subi les plus grandes humiliations de l’histoire. Depuis plusieurs siècles la situation de l’homme noir en Afrique n’a fait que s’empirer. Sous prétexte qu’ils étaient venus en Afrique pour nous civiliser les blancs pionniers de cette civilisation commencèrent par vider nos pays respectifs de leur substance fondamentale notamment la pratique honteuse du commerce des esclaves.
(…)
Nos ancêtres n’étaient pas considérés comme des hommes, ni comme des êtres qui ont l’intelligence et les sentiments mais comme des amas de muscles à qui on demandait des efforts mécaniques comme on en demande au cheval, au buffle, à l’âne ou au bœuf. L’esclavage ira jusqu’à prendre au 19ème siècle les allures d’une catastrophe continentale. Les pays colonialistes d’Europe ont d’ailleurs compris l’adage qui dit « on n’est jamais mieux servi que par soi-même ». C’est ainsi qu’en 1885, les grands négriers de l’époque se retrouvèrent à Berlin et dépecèrent comme des vautours le continent africain.
(…)
L’exploitation des noirs n’est plus sporadique mais elle devient systématique, permanente et définitive par l’appropriation pure et simple des territoires d’Afrique par ces négriers. Le Noir n’a plus à échapper aux razzias car il perd tout simplement ses droits à sa patrie et à sa liberté. Le processus de déshumanisation commence. Le Noir doit abandonner sa personnalité, ses structures mentales et sociales ; en un mot, son authenticité. Les arguments pseudo- scientifiques ne manquèrent pas pour justifier cette entreprise de déshumanisation, tout en traitant le noir d’Être inférieur
(…)
Et pour perpétuer l’exploitation de l’homme noir par l’homme blanc, les colonisateurs se mirent à liquider systématiquement les traditions africaines, les langues africaines, la culture africaine, à abrutir complètement le Noir de façon à ce qu’il ne parle, ne pense, ne mange, ne s’habille, ne rit et ne respire que s’il voit le monde du blanc.
(…)
Malgré les gigantesques moyens mis en œuvre pour asservir perpétuellement l’homme noir, les peuples blancs d’Europe n’ont pas pu éteindre la flamme de la liberté et de la dignité des Noirs d’Afrique. L’homme noir brisa ses chaînes et dit non à son aliénation et à son exploitation par l’occident. Un fruit mûr ne tombe que quand il est mûr mais, devant l’ouragan et la tempête de l’histoire, mûr ou pas mûr il tombe quand même. (…) »
Monsieur le Président de la Commission,
La lutte contre la pandémie du Covid-19, si elle suscite des craintes légitimes, donne surtout à l’Afrique une nouvelle occasion de parier sur elle-même pour retrouver son autonomie sanitaire, gage de prospérité et de sécurité.
En effet, tant que la santé des Africains dépendra des autres et qu’elle ne comptera que sur l’assistance extérieure pour se soigner ou s’équiper, l’Afrique ne pourra garantir à ses enfants l’assurance que les traitements qui leur sont prescrits ne sont pas issus de laboratoires douteux ou d’expériences douteuses…
C’est pourquoi,
Je vous prie de bien vouloir :
1°) Proposer à la Conférence des Chefs d’Etats d’émettre une déclaration commune sur les propos tenus par le Dr MIRA visant à rassurer les Africains sur les mesures envisagées par les Etats-membres pour lutter contre le Covid-19 et prévenir toute campagne de vaccination qui n’aurait pas été préalablement et suffisamment expérimentée afin de prévenir tout risque pour la vie des patients vaccinés ;
2°) Proposer la mise à l’ordre du jour de la prochaine assemblée générale de l’Union Africaine les questions suivantes :
a) La mise en place d’une commission panafricaine de veille sur la santé composée d’experts médicaux africains ou non chargée de proposer des réponses aux urgences sanitaires ;
b) L’ouverture urgente des travaux visant à recenser et à promouvoir le développement de la médecine traditionnelle africaine avec laquelle l’homme africain s’est soigné pendant des millions d’années ;
c) La prise d’une délibération visant à suspendre toutes formes de vaccinations en Afrique dont l’élaboration n’est pas réalisée sur le continent africain afin d’amener les laboratoires de renom à s’installer à l’Afrique, favoriser le transfert de technologies et de connaissances et contrôler les travaux scientifiques.
Ces premières mesures pourraient, à notre avis, répondre à l’inquiétude des populations et rassurer sur le rôle de l’Union africaine face aux nouveaux défis de l’Afrique.
En espérant que la présente retiendra votre attention,
Veuillez agréer, Monsieur le Président de la Commission, mes déférentes et fraternelles salutations.
[1] http://www.leparisien.fr/politique/coronavirus-un-vaccin-teste-en-afrique-deux-medecins-font-polemique-sur-lci-03-04-2020-8293419.php [2] https://www.lexpress.fr/actualite/societe/sante/l-oms-condamne-les-propos-de-chercheurs-evoquant-l-afrique-comme-un-terrain-d-essai-pour-un-vaccin_2123100.html [3] http://www.leparisien.fr/societe/tester-un-vaccin-contre-le-covid-19-en-afrique-les-deux-invites-de-lci-s-excusent-l-un-porte-plainte-03-04-2020-8293854.php [4] https://www.lemonde.fr/demographie/article/2017/09/20/la-population-de-l-afrique-devrait-doubler-d-ici-2050-quadrupler-d-ici-2100_5188094_1652705.html [5] Propos réitérés le 29 Août 2019 à l’Université du MEDEF [6] https://www.marianne.net/politique/rechauffement-climatique-pour-sarkozy-c-est-la-faute-l-afrique [7] https://www.liberation.fr/planete/2012/05/27/afrique-du-sud-le-fantome-du-docteur-folamort_821760 ou encore https://www.lelibrepenseur.org/complot-le-projet-coast-ou-la-folie-racialiste-blanche-a-son-comble/ [8] Medical Apartheid: The Dark History of Medical Experimentation on Black Americans from Colonial Times to the Present Reprint Edition, Kindle Edition [9] https://www.investigaction.net/fr/Apartheid-medical-les-Noirs-des/ [10] Implant sous-cutané contraceptif [11] http://www.leparisien.fr/international/coronavirus-des-habitants-detruisent-un-centre-de-prelevement-en-cote-d-ivoire-pres-d-abidjan-06-04-2020-8294628.php [12] https://rfmtv.net/vaccination-contre-covid-19-dr-muyembe-se-retracte/ [13] https://youtu.be/Qq7VxCZGdNA [14] https://presse.inserm.fr/coronavirus-lafd-et-linserm-mettent-en-oeuvre-un-dispositif-de-soutien-de-15-million-deuros-pour-lafrique-francophone/38798/ [15] https://presse.inserm.fr/le-vaccin-bcg-pour-combattre-le-covid-19-vraiment/38920/ [16] https://youtu.be/QDs8k0V9gMY
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